Prix de l’Académie des sciences 2022 : 7 lauréats et lauréates liés à l'INP

L'Académie des sciences remet chaque année près de quatre-vingt prix couvrant l'ensemble des domaines scientifiques, aussi bien fondamentaux qu'appliqués. Cette année, de nombreux prix impliquent des chercheurs CNRS ou rattachés à ses unités mixtes de recherche (UMR), dont 7 pour l'INP

Bérengère DUBRULLE, lauréate du prix Irène Joliot-Curie Femme scientifique de l’année (40 000€)
Directrice de recherche au CNRS, Service de Physique de l’État Condensé (SPEC, CEA/CNRS/Univ. Paris-Saclay). Bérengère Dubrulle est une spécialiste connue mondialement pour ses études de la turbulence, un phénomène physique extraordinairement complexe qui résiste aux efforts des physiciens et mathématiciens depuis plusieurs siècles. Son oeuvre scientifique est incroyablement variée et originale, combinant des développements fondamentaux de pure théorie et des études de divers systèmes naturels. On lui doit par exemple les démonstrations que la turbulence défavorise l'apparition d'une dynamo dans les métaux liquides et que la dissipation ne dépend pas de la viscosité. Elle a élaboré un modèle original de formation du système solaire dans une protonébuleuse planétaire. Ses travaux témoignent d'une capacité étonnante à identifier les phénomènes essentiels. Elle a reçu de nombreux prix et médailles et s'attache à partager les avancées scientifiques avec le public le plus large.

Grégory SCHEHR, lauréat du Prix Aniuta Winter-Klein (3 000 €)
Directeur de recherche CNRS au Laboratoire de physique théorique et hautes énergies (Sorbonne Université/CNRS). Grégory Schehr s'intéresse aux modèles et processus aléatoires pertinents pour la physique statistique des systèmes complexes, classiques et quantiques. Il a notamment obtenu des résultats originaux pour les statistiques d'événements rares dans les systèmes fortement corrélés, comme les statistiques d'extrêmes ou les temps de premier passage. Récemment, il a  mis en évidence des connexions fondamentales entre les matrices aléatoires, les systèmes de fermions piégés et des modèles de croissance stochastique.

Igor FERRIER-BARBUT, lauréat du Prix Jacques Herbrand (physique) (7 500 €)
Chargé de recherche CNRS au Laboratoire Charles Fabry (LCF - CNRS/Institut d’Optique Graduate School). Igor Ferrier-Barbut mène une recherche expérimentale en physique quantique avec des systèmes atomiques refroidis par laser. Il a étudié le problème à N-corps dans le cas de différentes interactions entre constituants : à courte portée et magnétiques dans des superfluides, ou encore induites par la lumière pour un ensemble d’atomes éclairé par de la lumière résonnante. Ses études ont révélé dans ces systèmes variés des processus collectifs liés aux corrélations quantiques, créant de nouveaux états de la matière.

Emmanuel FLURIN, lauréat du Prix Jacques Herbrand (physique) (7 500 €)
Ingénieur CEA, au sein du Service de physique de l’état condensé (SPEC - CEA/CNRS), Groupe quantronique. La lumière est un objet protéiforme, elle se manifeste tantôt comme un signal optique, une oscillation électronique ou un rayonnement ionisant, à la fois onde et corpuscule. Le travail d'Emmanuel Flurin cherche à créer de nouveaux circuits quantiques supraconducteurs pour apprivoiser la lumière dite micro-onde, celle dans laquelle les réseaux de communication nous baignent. À des températures proches du zéro absolu, il a découvert un circuit capable de compter sans discontinué les délicats grains de lumière micro-onde. Cet outil permet aujourd'hui de sonder des replis inexplorés de la matière en révélant l'individualité quantique de spins perdus dans les cristaux.

Lydéric BOCQUET, lauréat du Prix Arkema-Académie des sciences de l’innovation en chimie pour des matériaux durables (25 000 €)
Directeur de recherche CNRS au Laboratoire de physique de l’École normale supérieure (ENS-PSL/CNRS/Sorbonne Université/Université Paris Cité). Les recherches de Lydéric Bocquet sont à l’interface entre physico-chimie des matériaux, dynamique des fluides et nanosciences. Avec son équipe, il combine expériences, théorie et modélisation pour explorer la mécanique moléculaire des fluides, à la frontière entre le continuum de la mécanique des fluides et la nature atomique de la matière, voire sa nature quantique. Ses recherches fondamentales ont ouvert des nouvelles voies dans le domaine de l’énergie osmotique, conduisant notamment à la création de la startup Sweetch Energy.

Mickael BOURGOIN, lauréat du Prix ONERA - Sciences mécaniques pour l’aéronautique et l’aérospatial (10 000 €)
Directeur de recherche au CNRS au Laboratoire de physique (CNRS/ENS de Lyon). Mickaël Bourgoin s’intéresse au transport de champs et de particules dans les écoulements complexes, notamment turbulents. Développant des approches expérimentales et des modélisations Lagrangiennes innovantes, il étudie ainsi la structure de la turbulence et du mélange, la dispersion de particules (aérosols, inertielles, anisotropes, magnétiques, phorétiques, actives, etc.) ainsi que les interactions fluides-structures de systèmes tractés et pendulaires, au croisement de questions de mécanique des fluides fondamentale et d’enjeux industriels, environnementaux et sanitaires.

Jean-Louis BARRAT, lauréat du Grand Prix Fondation Michelin – Académie des sciences (30 000 €)
Chercheur au Laboratoire interdisciplinaire de physique (CNRS/Université Grenoble Alpes), professeur de physique à Université Grenoble Alpes. Jean-Louis Barrat est docteur de l'Université Paris 6. Il a travaillé comme chercheur postdoctoral à Munich et Santa Barbara. Après avoir été de 1988 à 1994 chercheur CNRS à l’ENS de Lyon, il rejoint l'université de Lyon, où il crée un groupe de recherche sur la modélisation en science des matériaux. En 2011, il rejoint l'université de Grenoble et reçoit en 2012 la médaille d’argent du CNRS. Les recherches de Jean-Louis Barrat portent sur la physique statistique, la matière condensée et la physique des matériaux. Spécialiste des fluides complexes, son domaine de compétence est large : il associe ses travaux théoriques à des aspects plus applicatifs, dont certains relèvent des sciences de l’ingénieur comme la rhéologie des fluides complexes. Ses travaux sur la physique des liquides et interfaces sont internationalement reconnus.

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