Photo Sandra Bosio
Sandra Bosio, © Gregg IACOBBI PEAKING Production

Sandra BosioIngénieure d'études CNRS à l’Institut de physique de Nice (INPHYNI)

Médaille de cristal du CNRS

Sandra Bosio, l’ingénierie sur mesure au service de la physique

À l’Institut de physique de Nice (INPHYNI, CNRS / Université Côte d'Azur), Sandra Bosio conçoit des dispositifs qui n’existent nulle part ailleurs. Si son domaine de prédilection est la micromécanique de précision, elle peut tout aussi bien mettre au point un cryostat ultra-compact pour explorer les mémoires quantiques, ou inventer un appareil permettant d’étudier la viscosité de fluides soumis à des sollicitations multidirectionnelles. Tout dépend des demandes des chercheurs, avec qui elle dialogue au quotidien pour transformer une idée expérimentale en un dispositif fonctionnel. 
Son expertise dépasse toutefois les murs de l’INPHYNI. Elle a ainsi contribué au projet d’Hypertélescope du Collège de France / Laboratoire Lagrange (UMR 7293), en concevant des systèmes optomécaniques permettant la recombinaison de deux faisceaux issus d’une source unique en mode interférométrique.
Responsable de l’atelier qu’elle a entièrement repensé, épaulée par deux techniciens, elle supervise la fabrication des pièces, les échanges avec les fournisseurs, jusqu’à la gestion des budgets et du matériel. Un travail de précision, au croisement de la recherche fondamentale et de l’ingénierie appliquée.
 

Recrutée au CNRS en 2006, Sandra Bosio débute au Laboratoire Ondes et Matière d’Aquitaine (LOMA), avant de rejoindre en 2018 l’Institut de Physique de Nice (INPHYNI), où elle est aujourd’hui responsable du service mécanique. Ses missions se suivent sans se ressembler, ce qui lui plaît beaucoup. « Nous sommes sollicités pour des projets très différents, parfois à la limite de nos capacités. C’est ce que j’apprécie le plus dans ce métier : il n’y a pas de routine. »

Le physicien vient avec son idée, mais ce n’est pas forcément réalisable tel quel. Mon travail, c’est de faire le lien entre l’intention scientifique et la faisabilité mécanique
Sandra Bosio

Sandra Bosio aime par-dessus tout relever les défis posés par les cahiers des charges parfois impitoyables, avec des dispositifs qui doivent fonctionner par un froid intense, dans un espace minuscule, ou bien avec une précision extrême. «Ces équipements n’existent pas dans le commerce, s’amuse Sandra Bosio. On part d’une idée ou d’une esquisse, puis il faut faire des choix de conception en fonction des contraintes mécaniques, des tolérances, sans perdre de vue le coût. Je dois suivre la conception de A à Z. »

Parmi ses réalisations, on trouve ainsi un cryostat ultra-compact, intégré dans un dispositif optique pour le stockage quantique de la lumière. Pour un autre projet, elle a développé un rhéomètre capable d’imposer plusieurs directions de contrainte à un fluide, afin de mieux en caractériser sa viscosité. Dans le cadre du programme Hypertélescope — un dispositif interférométrique destiné à imager directement des exoplanètes —, elle a travaillé sur la recombinaison des faisceaux optiques. « Pour déplacer deux prismes, les astronomes songeaient à mettre deux moteurs. J’ai proposé un dispositif avec une double vis sans fin contra rotatives permettant ainsi d’optimiser la précision de déplacements et l’encombrement du système » L’ingénieure aime par-dessus tout surprendre avec ses solutions originales, et parfois toutes simples.

J’aime la mécanique de précision. Quand ça tient dans la main. Plus c’est précis, délicat, et plus ça m’amuse !
Sandra Bosio

Au quotidien, elle gère son atelier composé de deux techniciens, avec qui elle façonne ses réalisations uniques. Assumant fièrement son rôle de « support technique » au service de la recherche, Sandra Bosio est devenue l’intermédiaire indispensable entre les idées des chercheurs et leur concrétisation.