En savoir plus sur le fonctionnement de la Matosthèque
La Matosthèque, l'initiative d’un laboratoire pour la réduction de l’empreinte environnementale des achats de la recherche.
Développé au Laboratoire interdisciplinaire de physique à Grenoble, la Matosthèque est un nouvel outil numérique de partage de matériel adapté aux laboratoires. Déjà utilisé depuis un an dans le laboratoire pour réduire l’empreinte environnementale de ses achats, cet outil commence à s’exporter à d’autres laboratoires.
Depuis mi 2024, le Laboratoire interdisciplinaire de physique (LIPhy, CNRS/Université Grenoble Alpes) a mis en service la Matosthèque, un outil en ligne dédié au partage et à la mise à disposition de matériel scientifique au sein du laboratoire. Cet outil ergonomique et sécurisé permet à tout membre du laboratoire de prêter ou d’emprunter des objets en quelques clics.
Après un an de fonctionnement, le catalogue de la Matosthèque compte en mai 2025 près de 230 items et plus de 80 emprunts ont été réalisés. Les types de matériel concernés sont extrêmement diversifiés : non seulement des équipements scientifiques transportables (conductimètre, composant optique…) ou non (microscope, spectromètre…), des consommables (boîtes de pétri, filtres, produits chimiques…), mais aussi des objets non spécifiquement scientifiques (ordinateur, perceuse, livre...).
La Matosthèque, l'initiative d’un laboratoire pour la réduction de l’empreinte environnementale des achats de la recherche.
Si le partage ou la mise à disposition de matériel existaient bien avant les questionnements des laboratoires vis-à-vis de leur empreinte environnementale, notamment pour des raisons budgétaires, l’idée de la Matosthèque était de faciliter, promouvoir et généraliser ces pratiques dans une démarche de sobriété. Afin d'en mesurer l'impact, une estimation des émissions de gaz à effet de serre évitées par ce dispositif est possible en intégrant la valeur de l’objet indiquée dans le catalogue.
Afin que ces pratiques bénéfiques pour l’environnement s’exportent en dehors du laboratoire, le code source a été déposé sur GitLab et l’outil est proposé pour être utilisé par d'autres laboratoires. Déjà 6 laboratoires ont contacté les gestionnaires de l’outil pour envisager son déploiement dans leur unité. Celui-ci intéresse déjà non seulement des laboratoires de physique du site Grenoblois, mais aussi d’autres disciplines (Biologie, Terre & Univers, Ingénierie) et d’autres sites (Paris, Lyon, Besançon).
Obtenir le code source sur GitLab
Guillemin Raymond
guillemin.raymond@univ-grenoble-alpes.fr
Vikhram Duffour
vikhram-kofi.duffour@univ-grenoble-alpes.fr
Depuis le premier bilan carbone effectué au LIPhy en 2019, il apparait que plus de 50 % des émissions de gaz à effet de serre du laboratoire sont dues aux achats scientifiques. C’est ce constat qui a conduit sa « Commission Empreinte Environnementale » à la mise en place de la Matosthèque. Cette prépondérance des achats est également constatée à l’échelle du CNRS où les achats représentent 85 % du bilan des émissions de gaz à effet de serre de l’organisme. À périmètre égal à 2019, on observe une hausse de 3 % des émissions carbone entre 2019 et 2022, en raison notamment de l’augmentation des achats dits « non-immobilisés », entre autres les consommables et instruments de laboratoire.
Le CNRS a publié, début 2025, son premier schéma directeur développement durable et responsabilité sociétale (DD&RS), qui appelle notamment à développer « la mutualisation et du réemploi de matériel interne à l’ESR, en particulier pour les segments d’achats les plus impactant». En particulier une action structurante du CNRS est le déploiement de solutions de partage des stocks de matériels, de consommables et d’équipements, à l’échelle des laboratoires et des sites.
Dans le cadre de sa Cellule sobriété, CNRS Physique a mis en place un Groupe Thématique « Achats et Maintenance » constitué, sur la base du volontariat, de neuf référents Développement Durable d’unités de physique et co-animé par Denis Morineau (Délégué Scientifique Infrastructures de Recherche à CNRS Physique) et Salima Rafaï (Déléguée Scientifique Développement durable à CNRS Physique). Le groupe s’est réuni mensuellement depuis mars 2025 et rend ce mois un document de travail à la cellule sobriété de l’institut. Il propose des façons de décliner les objectifs et trajectoires indiquées dans le schéma directeur du CNRS en actions concrètes qui intègrent les spécificités de la physique.
Pour mener son travail, le groupe thématique prend en compte les actions et réflexions déjà menées dans les laboratoires de physique. Plusieurs unités de physique ont développé ou seraient intéressées par le développement d’outils de prêt de matériels légers, localisés sur site (à l’échelle du laboratoire ou d’un campus). Denis Morineau souligne l’importance de généraliser les bonnes idées des laboratoires telles que la Matosthèque ou le Magasin de l’Institut Néel : « Plusieurs unités de physique ont mis en place des initiatives comme les dispositifs de prêt d’instruments, les magasins centralisant les achats, les formations à la maintenance ou les mesures d’impact à l’échelle de l’expérience qui sont autant de bonnes idées qui nourrissent notre réflexion sur leur déploiement à plus grande échelle. »